Outre atlantique, au Québec, le débat sur le financement de la dépendance est également très actif

Les "aînés" s'opposent aux frais accessoires en santé

Publié le 15 janvier 2016

Des associations regroupant plus d'un demi-million de personnes aînées dénoncent la décision du gouvernement libéral de légitimer les frais accessoires dans le réseau de santé québécois. Elles croient que le gouvernement doit faire marche arrière, notamment parce que les aînés du Québec sont directement visés par cette « taxe santé aînée », une véritable brèche dans l'accessibilité aux soins de santé.

Frais accessoires : les aînés ciblés

Parce qu'ils utilisent naturellement davantage le réseau de la santé, les aînés sont particulièrement frappés par cette tarification approuvée par le gouvernement Couillard. « Est-ce que le gouvernement réalise que les frais accessoires sont absorbés en bonne partie par les aînés du Québec ? Lors de la plus récente campagne électorale, quelle aurait été la réaction des électeurs aînés s'ils avaient su que le Parti libéral imposerait le principe d'utilisateur-payeur en santé et qu'ils seraient particulièrement ciblés ? », demande Donald Tremblay, président de l'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic.

Les plus vulnérables touchés

Ces frais supplémentaires sont un frein à l'accès aux soins pour nombre de patients a priori, ceux dont les moyens financiers sont limités, notamment les aînés qui font face à un appauvrissement galopant. Le Réseau FADOQ tente par tous les moyens de convaincre le gouvernement des conséquences de ses actes sur la santé à court et à long terme des plus vulnérables. « Il faut cesser de jouer à l'autruche, les aînés les plus vulnérables devront faire des choix. La santé ou l'épicerie ? On le répète depuis un bon moment, malheureusement en vain, le gouvernement joue avec la qualité de vie des aînés; des conséquences s'ensuivront, c'est écrit ! », prévient Maurice Dupont, président du Réseau FADOQ.

Les frais accessoires doivent être absorbés par l'enveloppe de rémunération des médecins

Le président de l'Association des retraitées et de retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec (AREQ), Pierre-Paul Côté, rappelle que la rémunération des médecins a bondi de plus de 300 millions uniquement l'an dernier, sans compter les 800 millions payés en trop depuis 2010. « Comment le gouvernement du Québec peut-il donner son feu vert à une taxe de 50 millions $ par année en permettant aux médecins de facturer des frais accessoires, alors qu'il a perdu le contrôle de la rémunération de ces mêmes professionnels ? C'est indécent ! », déclare M. Côté.

La coalition note que la rémunération des médecins du Québec s'est accrue de 47 % depuis cinq ans pour s'établir à 7 milliards $ en 2015. « Le moins que l'on puisse dire, c'est que les Québécois ont amplement fait leur part depuis cinq ans et le gouvernement veut continuer d'aller chercher de l'argent dans les poches des contribuables avec les frais accessoires. Cela n'a pas de bon de sens ! », est d'avis Pierre-Paul Côté.

Qu'est-ce que le gouvernement fédéral attend pour réagir ?

« La Loi canadienne sur la santé est très claire : les frais accessoires sont interdits. Le gouvernement fédéral doit absolument la faire respecter. Pourquoi tarde-t-il à agir ? Le silence du gouvernement Trudeau dans ce dossier est inquiétant. », affirme Judith Gagnon, présidente de l'Association québécoise pour la défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR).

La situation est d'autant plus inacceptable que le gouvernement du Canada s'était engagé à payer la moitié des coûts en santé lors de l'adoption de la Loi canadienne de la santé. Or, cette part ne s'élevait plus qu'à 22,4 % en 2013-2014, et, selon le Directeur parlementaire du budget du Canada, cette part tombera en moyenne à 18 % au cours des 25 prochaines années.

« Non seulement le gouvernement fédéral doit faire respecter sa loi, mais il doit également hausser son transfert pour la santé. » a conclu Mme Gagnon.

Huit associations regroupant plus d'un demi-million de personnes aînées dénoncent aujourd'hui les frais accessoires, soit l'Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic du Québec (AQRP), le Réseau FADOQ, l'Association des retraitées et retraités de l'éducation et des autres services publics du Québec (AREQ), l'Association québécoise de défense des droits des personnes retraitées et préretraitées (AQDR), l'Alliance des associations de retraités (AAR), l'Association québécoise des centres communautaires pour aînés (AQCCA) et le Regroupement des popotes roulantes et autres services alimentaires bénévoles (PRASAB) et le Regroupement interprofessionnel des intervenants retraités des services de santé (RIIRS).

SOURCE AQRP - Association québécoise des retraité(e)s des secteurs public et parapublic