Interview de Mme Evelyne GAUSSENS, Directrice Générale de l'Hôpital Privé Gériatrique Les Magnolias - HPGM

Cap sur la découverte de l'Hôpital Privé Gériatrique Les Magnolias - HPGM

Publié le 11 octobre 2013

L’Hôpital Privé Gériatrique Les Magnolias

Capgeris

Pouvez-vous nous présenter l’HPGM et nous préciser notamment :

  • ses origines ?
  • ses domaines d’intervention ?
  • Son offre de soins et d’hébergement et les capacités respectives ?

 

Evelyne GAUSSENS

Pour répondre à l’objectif d’accompagnement du vieillissement par des actions de prévention et de promotion de la santé chez les personnes âgées, les caisses de retraite Agirc-Arrco ont créé en 1974 l’Hôpital gériatrique les Magnolias (HPGM) à Ballainvilliers dans l’Essonne, un établissement de santé, privé non lucratif, destiné à développer et promouvoir des idées novatrices en matière de gériatrie.

Dans ce cadre là, le projet d’établissement de l’HPGM, validé par l’ARS, repose depuis 2006 sur trois valeurs fortes, ancrées et partagées par ses 520 salariés :

  • la prévention de la perte d’autonomie des personnes âgées,

  • leur maintien à domicile ou dans leur lieu de vie,

  • le respect de leur dignité grâce à l’application d’approches non médicamenteuses.

 

Pour répondre à ces trois objectifs, l’Hôpital s’est progressivement organisé dans une logique de parcours de santé coordonné, grâce à une filière gériatrique sanitaire et médico-sociale complète; créée autour de ses 319 lits et places, à savoir :

- un secteur sanitaire avec :

  • Un pôle ambulatoire avec 4 places d’hôpital de jour médecine, 8 places de soins de suite et de réadaptation et un large plateau de consultations externes (mémoire, psychiatrie, cardiologie, neurologie, etc…).

  • 71 lits de médecine gériatrique avec un accueil 24h/7j (numéro unique), via les médecins traitants et les EHPAD pour éviter les urgences.

  • 106 lits de soins de suite et de réadaptation (SSR) dont 18 en unité cognitivo-comportementale (UCC).

  • 60 lits de soins de longue durée (SLD) dont 20 lits d’Unité d’Hébergement Renforcée (UHR - Plan Alzheimer).

  •  2 programmes d’éducation thérapeutique (un pour les aidants des patients atteints de la maladie d’Alzheimer et l’autre pour les seniors insuffisants cardiaques à domicile).


- un secteur médico-social avec :

  • 60 lits d’EHPAD dont 10 en hébergement temporaire et 20 en unité spécifique Alzheimer.

  • 10 places d’accueil de jour .

  • Deux CLIC (Centre Local d’Information et de Coordination), Orgyvette et La Harpe, desservant 20 communes au total.

  • Une MAIA (Maison pour l'Autonomie et l'Intégration des malades Alzheimer) couvrant le territoire de la filière labellisée par l’ARS.

  • Une plateforme de répit et d’aide aux aidants avec 13 partenaires.



Pour assurer une prise en charge continue et coordonnée, l’Etablissement travaille en collaboration avec les autres acteurs ou professionnels du territoire.
C’est pourquoi, il a su développer des structures médico-sociales grâce à des équipes mobiles, financées par l’ARS à titre expérimental :

  • Une équipe mobile de liaison gériatrique avec 40 EHPAD (conventions de continuité de soins).

  • Une équipe mobile de géronto-psychiatrie en partenariat avec l’EPS Barthélémy Durand pour le suivi à domicile des personnes âgées après sortie d’hospitalisation.

  • Une équipe mobile douleur et soins palliatifs.

  • Une équipe mobile opérationnelle d’hygiène dans les EHPAD.

  • Une équipe mobile d’infirmières de nuit en EHPAD.

  • Une équipe d’ergothérapeutes pour l’aménagement du domicile après sortie d’hospitalisation.



Il héberge par ailleurs deux réseaux et des associations avec lesquelles il travaille étroitement :

  • Le réseau Appolline pour les soins bucco-dentaires.

  • Le réseau Népale pour les soins palliatifs.

  • 1 association de médecins traitants Resage 91.

  • 3 associations de bénévoles.



Enfin, signalons que l’établissement utilise des nouvelles technologies et participe de ce fait activement à la « Silver Economy » avec toujours pour objectif le maintien à domicile et le maintien de l’autonomie, notamment avec la mise en place des dispositifs suivants :

  • La téléassistance à domicile médicalisée, payée par l’Hôpital pour chaque patient à sa sortie d’hospitalisation pendant 45 jours (retour à domicile sécurisé), soit plus de 3 000 personnes âgées de 80 ans qui en bénéficient tous les ans.

  • Le suivi à domicile de l’insuffisance cardiaque avec des dispositifs médicaux en lien avec une plateforme médicalisée et de l’éducation thérapeutique dispensée par nos cardiologues.

  • L’utilisation de nouvelles technologies pour prévenir les chutes, deuxième cause de perte d’autonomie des personnes âgées avec un système de caméras avec la société Linkcare Services® et un système de patch avec la société Vigilio®;

  • Le développement de la télémédecine avec l’installation d’une cabine de télémédecine, l’HPGM étant porteur d’un projet de télémédecine, TMG 91, financé par l’ARS (3 ans), qui met en lien 6 EHPAD et 2 établissements de santé (dont l’HPGM), via une plateforme d’intermédiation H2AD qui permettra d’offrir aux résidents de ces EHPAD et aux patients de l’HPGM des avis de médecins spécialistes (télé-consultation et télé-expertise) sans se déplacer.
    Ce dispositif permettra de diminuer dans les EHPAD partenaires, le passage aux urgences et d’éviter les transports coûteux et délétères pour les personnes âgées.


Capgeris

L’HPGM bénéficie d’un positionnement particulier puisqu’il intervient à la fois sur les secteurs sanitaire et médico-social.

  • En quoi un tel positionnement constitue-t-il, de votre point de vue, un atout et un gage de qualité pour les personnes âgées ?

 

Evelyne GAUSSENS

Ce positionnement est un atout et un gage de qualité car il permet d’apporter à nos patients un continuum de soins, les intégrant ainsi au sein de notre filière gériatrique interne et intégrée et ensuite le suivi à domicile (cf. schéma ci-dessous).

Les dispositifs que nous mettons en place permettent de limiter les points de rupture dans la prise en charge des personnes âgées.

 

Le parcours de santé à l’HPGM : une filière gériatrique interne sanitaire et médico-sociale

 


Capgeris

Pensez-vous qu’une structure comme l’HPGM est une réponse à la nécessaire coordination du parcours de la personne âgée ?

Evelyne GAUSSENS

La vraie difficulté dans la mise en place du parcours de santé est de savoir qui sera le coordonateur de ce parcours aux multiples partenaires.
L’atout majeur de l’HPGM avec sa propre filière sanitaire et médico-sociale est d’être l’acteur principal du parcours.
Cela facilite les prises de décisions pour améliorer ce parcours et la concertation entre les acteurs.

En effet, l’Hôpital a su développer rapidement des projets permettant le décloisonnement entre le secteur sanitaire et médico-social, grâce à la mise en place des outils suivants :

  • Des conventions de continuité de soins avec 40 EHPAD.
  • Les équipes mobiles qui sortent de l’Hôpital.
  • La télémédecine au service des EHPAD avec la création d’un groupement social et médico-social (GCSMS) dont l’Hôpital est administrateur.
  • Une organisation en trois sous-filières permettant de répondre aux besoins spécifiques des personnes âgées.
  • Une plateforme médicalisée pouvant être utilisée par les médecins traitants.



L’établissement s’adapte à la population vieillissante en apportant une prise en charge spécifique adaptée à l’ensemble des problèmes de santé des personnes âgées (troubles somatiques, maladie d’Alzheimer ou troubles apparentés, troubles psychiatriques…)


Capgeris

Quels sont ses points forts ?

Evelyne GAUSSENS

Le point fort de l’Hôpital est de disposer de la totalité des structures sanitaires et médico-sociales de la filière.

Néanmoins, on peut relever ces principaux atouts :

  • La prise en charge de la maladie d’Alzheimer avec la mise en place de l’ensemble des mesures du Plan Alzheimer (UCC, MAIA, PASA, UHR, plateforme de répit d’aide aux aidants, hébergement temporaire…).

  • Une formation des professionnels à toutes les méthodes du « Care » et des prises en charge non médicamenteuse (HPGM = site pilote de la méthode Gineste-Marescotti®).

  • L’accueil direct 24/24 permettant d’éviter le passage par les urgences, délétère pour les personnes âgées.

  • Porteur d’une filière gériatrique complète (sanitaire et médico-sociale) labellisée en 2010 par l’ARS, pour le territoire de santé Nord Essonne (91-2).

  • La création d’un pôle de coordination du parcours de la personne âgée.

  • Le retour à domicile sécurisé via l’accès à une plateforme gratuite pendant 45 jours à la sortie d’hospitalisation.

  • Un hôpital de jour d’évaluation bilan-diagnostic et une consultation mémoire labellisée.

  • Une consultation externe bucco-dentaire.

  • Un système de téléassistance avec accès au dossier médical du patient 24/7, en partenariat avec H2AD (retour à domicile sécurisé).

  • Un système de téléassistance avec Link Care Service (caméras de vidéo-surveillance) pour prévenir les conséquences des chutes.

  • Un dispositif de détection des chutes Vigifall (à domicile et dans 10 chambres EHPAD).

  • Porteur d’une expérimentation financée par l’ARS (3 ans) : IDE de nuit en EHPAD.

  • Porteur du projet de télémédecine TMG 91.

 


La Résidence EUROPA de l’HPGM

Capgeris

L’HPGM dispose d’un EHPAD et d’une USLD

  • Pouvez-vous nous présenter les différents services les constituant ?

 

Evelyne GAUSSENS

Volontairement, l’HPGM a souhaité réunir au sein d’un même bâtiment, les Unités de Soins Longue Durée (SLD) et les unités d’EHPAD estimant que la problématique « hébergement » et « lieu de vie » étaient similaires.

Même si les soins longue durée relèvent du sanitaire, il nous a paru essentiel de les traiter comme du médico-social, en termes de lieu de vie et d’approche quotidienne.

Ainsi le pôle EUROPA regroupe 60 lits de SLD et 60 lits d’EHPAD.
Chaque unité de 20 lits accueille des profils bien spécifiques de patients/résidents.

60 lits sont dédiés aux Soins Longue Durée dont :

  • 2 unités de 20 lits SLD polyvalents qui accueillent des résidents polypathologiques à risque de décompensation.

  • 20 lits qui composent l’unité Alzheimer spécifique labellisée Unité d’Hébergement Renforcée (UHR), destinés à des patients atteints de la maladie d’Alzheimer, présentant des troubles du comportement perturbateurs incompatibles avec un hébergement classique et justifiant d’un environnement sécurisé.


En ce qui concerne les 60 lits d’EHPAD, la répartition est la suivante :

  • 2 unités de 20 lits accueillant des résidents qui nécessitent une aide dans les activités de la vie quotidienne.

  • 20 lits qui regroupent les personnes âgées atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade modérément sévère présentant une déambulation pathologique liée à l’ennui et justifiant d’un environnement sécurisé.



Capgeris

Quels types de pathologies êtes-vous susceptibles de traiter au sein de l’USLD ?

Evelyne GAUSSENS

L’USLD est une unité de soins permettant de traiter plusieurs types de pathologies, notamment:

  • La maladie d’Alzheimer avec troubles du comportement productif (UHR - Unité d’Hébergement Renforcé).
  • Les soins terminaux des maladies chroniques comme le cancer.
  • L’insuffisance cardiaque et/ou respiratoire à un stade sévère avec risque de décompensation.
  • Les maladies neuro-dégénératives (SLA, SEP, Chorée de Huntington…).
  • Toute polypathologie à risque de décompensation…


En conclusion, toute situation clinique qui justifie une évaluation médicale pluri hebdomadaire, une présence infirmière 24/7 et l’accès à un plateau technique minimum est traitée au sein de notre Unité de SLD.


Capgeris

Ces deux unités sont-elles complémentaires et en quoi ?

Evelyne GAUSSENS

Ces deux unités sont nécessairement complémentaires l’une de l’autre.
Des résidents de l’EHPAD sont parfois accueillis en USLD et réciproquement des patients de l’USLD sont transférés en EHPAD lorsque leur état de santé s’améliore.

Des transferts entre les unités de SLD se produisent également et de la même manière, des patients de l’hébergement temporaire de l’EHPAD peuvent être affectés en EHPAD classique.


Capgeris

Comment envisagez-vous la prise en charge des personnes atteintes de la maladie Alzheimer ou de troubles apparentés et quelle est votre offre ?

  • Comment se répartit la capacité d’accueil dédiée à ces personnes ?

 

Evelyne GAUSSENS

Nous traitons tout d’abord en court séjour Alzheimer les pathologies somatiques intercurrentes.
L’hospitalisation de ce type de patients se fait en amont via le pôle ambulatoire de l’hôpital.

Ensuite, l’Unité Cognitivo-Comportementale constituée de 17 lits de SSR est destinée à accueillir des personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer (ou syndromes apparentés) présentant un état de validité et des troubles du comportement productifs (agressivité, hyperémotivité, agitation, délire…).

L’Unité d’Hébergement Renforcé (UHR), constituée de 20 lits de SLD, accueille les patients présentant des troubles du comportement perturbateurs, à l’exclusion des patients aux troubles psychiatriques et/ou en perte d’autonomie locomotrice.

Enfin, l’Unité de Vie Protégée (UVP) de l’EHPAD, constituée de 20 lits, s’adresse aux patients Alzheimer à un stade modérément sévère présentant une déambulation pathologique.

De plus, l’HPGM a su décliner très vite sur le terrain, la quasi-totalité des 44 mesures du plan Alzheimer lancé par l’Etat en 2008.


Capgeris

Disposez-vous d’un Accueil de Jour spécifique ?

Evelyne GAUSSENS

Nous disposons de 10 places d’accueil de jour destinées aux personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer à un stade modéré à sévère et vivant à domicile.

Les deux objectifs majeurs de cette unité spécifique sont de favoriser le répit des aidants familiaux et de stimuler les capacités restantes grâce à des activités thérapeutiques et occupationnelles.


Capgeris

Proposez-vous un PASA et, dans l’affirmative, à qui s’adresse ce pôle ?

Evelyne GAUSSENS

L’HPGM dispose effectivement d’un PASA labellisé par l’ARS.
Ce pôle s’adresse aux patients atteints de la maladie Alzheimer ou d’un syndrome apparenté à un stade modéré ou modérément sévère et qui présentent des troubles du comportement stabilisés ne mettant pas en échec une prise en charge collective, qui permet d’accueil dans la journée, des patients/résidents atteins de la maladie d’Alzheimer.


Capgeris

La plupart des EHPAD dispose d’unités dédiées à la prise en charge de personnes atteintes de la maladie Alzheimer ?

  • Pourquoi d’autres pathologies – telle que la maladie de Parkinson par exemple – ne bénéficient-elles pas d’une même prise en charge spécifique dans les EHPAD, hormis l’écart de prévalence ?
  • Pensez-vous que cela devrait-être le cas ?
  • Quelle est la politique de l’HPGM eu égard aux personnes handicapées vieillissantes ?
  • Comment l’HPGM se positionne-t-il par rapport au maintien à domicile – majoritairement souhaité – par les personnes âgées et quelles actions mettez-vous en place en ce sens ?

 

Evelyne GAUSSENS

L’Hôpital favorise le maintien à domicile des personnes âgées.
En effet, 90% de ces personnes émettent le souhait de rester à domicile le plus longtemps possible.
Toute la politique de l’Etablissement décrite ci-dessus concourt au maintien à domicile des personnes âgées puisqu’il s’agit d’une de nos valeurs fondamentales qui sous-tend l’ensemble de nos actions.

Divers moyens sont mis en œuvre pour répondre à cet objectif :

  • L’accès au pôle ambulatoire permettant des consultations externes spécialisées.
  • La télémédecine qui donne accès à des consultations spécialisées permettant d’éviter le recours aux urgences et les hospitalisations inutiles.
  • Le recours à la plateforme « Ma santé chez moi » permettant aux patients un retour à domicile sécurisé gratuit pendant 45 jours à l’issue de l’hospitalisation.
  • La plateforme de répit qui permet un accompagnement des aidants familiaux.
  • L’équipe mobile gériatrique de liaison et l’équipe mobile de géronto-psychiatrie qui permettent à des médecins de notre hôpital d’intervenir à domicile.
  • Des services d’éducation thérapeutique en Hôpital de Jour – SSR sur la nutrition, la iatrogénie, les chutes.
  • Les CLIC et la MAIA sont chargés de coordonner l’ensemble des partenaires de l’Hôpital.

 

 

Démarche Qualité et NTIC

Capgeris

En tant que structure sanitaire, l’HPGM est assujetti à une démarche de certification.

  • Quels sont les principaux axes de cette démarche ?

 

Evelyne GAUSSENS

L’HPGM est assujetti à la certification de la Haute Autorité de Santé.
Il a obtenu la certification V1, V2 et V3 où plusieurs points ont été relevés par la Haute Autorité de Santé :

  • En 2007 : la démarche humaniste de l’HPGM est citée comme « exemplaire » ainsi que le management holistique.
  • En 2011 : ont été considérés comme exemplaire la qualité de vie au travail et l’évaluation des pratiques professionnelles.



A travers le graphique ci-dessous, on peut voir le positionnement de l’HPGM sur l’ensemble des thématiques du manuel de certification HAS :

 

Capgeris

Qu’en est-il de l’EHPAD EUROPA ?

Evelyne GAUSSENS

Pour l’EHPAD, une évaluation interne est programmée pour 2017 ainsi qu’une évaluation externe, conformément aux textes réglementaires.
Néanmoins, l’Hôpital s’est déjà inscrit dans une démarche de labellisation Humanitude® proposée par l’Association Asshumevie.


Capgeris

HPGM et NTIC

  • Comment l’HPGM se positionne-t-il eu égard à l’utilisation des NTIC au sein de ses structures et unités ?


Evelyne GAUSSENS

Notre mission permanente d’innovation nous conduit à chercher sans cesse à améliorer les soins en utilisant les nouvelles technologies mises à disposition pour diversifier les modes de prise en charge.

Le paragraphe en page 2 sur la Silver Economy témoigne bien de l’engagement de l’HPGM dans cette démarche.


Capgeris

Avez-vous un projet de télémédecine en réflexion ?

Evelyne GAUSSENS

Nous sommes investigateurs de 3 projets de télémédecine :

  • La téléassistance à domicile médicalisée payée par l’Hôpital pour chaque patient à sa sortie d’hospitalisation pendant 45 jours (pour un retour à domicile sécurisé), soit plus de 3 000 personnes âgées de 80 ans qui en bénéficient tous les ans.
    L’intérêt de cette plateforme médicalisée 24/7 (composée essentiellement de professionnels formés à la gériatrie) est que le médecin régulateur dispose du dossier médical et médico-social informatisé - via Internet - de la personne âgée qui appelle la plateforme (n° unique) et peut donc prendre une décision rapide et éclairée.
    Les informations médicales et médico-sociales ont été enregistrées lors de l’hospitalisation par une infirmière avec l’accord du patient et/ou sa famille.
    Cette démarche a reçu l’accord de la CNIL.

  • Le projet de télémédecine, TMG 91, financé par l’ARS (3 ans) et porté par l’HPGM, met en lien 6 EHPAD et 2 établissements de santé (l’HPGM et le Centre Hospitalier Sud Francilien) via une plateforme d’intermédiation (société H2AD) qui permettra d’offrir aux résidents de ces EHPAD et aux patients de l’HPGM des avis de médecins spécialistes (télé-consultation et télé-expertise) sans se déplacer.
    Ce dispositif permettra de diminuer dans les EHPAD partenaires, le passage aux urgences et d’éviter les transports coûteux et délétères pour les personnes âgées.
    Les disciplines dispensées par l’HPGM sont la cardiologie, la géronto-psychiatrie, la pneumologie, la médecine interne) et par le CHSF, la dermatologie, la neurologie, l’endocrinologie, la diabétologie et la rhumatologie.

  • Le projet TELE-ETICS permet aux patients insuffisants cardiaques seniors à domicile de bénéficier des outils de télésurveillance en cardiologie, via une plateforme médicalisée.
    Pour cela, un appareillage de surveillance est installé au domicile de la personne âgée.
    Par ailleurs, ces mêmes patients peuvent bénéficier de programmes d’éducation thérapeutique dispensés par nos cardiologues à l’HPGM.



L’Hôpital mène une réflexion sur un projet important : la création d’un système d’information au service des professionnels de notre MAIA.
Cette mission place au premier plan la nécessité d’un partage d’informations entre les différents acteurs concernés, grâce à la mise en place d’un système d’information informatisé.
Un travail collectif est en cours et permettra d’établir les données partagées par les différentes professions et les différentes institutions partenaires (professionnels de santé libéraux, CLIC, SSIAD, établissements de santé, HAD, CCAS) en associant l’ordre des médecins.

L’innovation réside dans l’évolution de la plateforme développée pour la filière de l’Hôpital vers un système d’information partagé avec les professionnels de la ville au profit des personnes âgées du territoire couvert par la MAIA.



Perspectives

Capgeris

Que pensez-vous de la réforme en cours sur la dépendance et notamment le projet de loi d’adaptation de la société au vieillissement ? Pensez-vous que les orientations envisagées sont susceptibles de répondre à ce grand défi ?

Evelyne GAUSSENS

La réforme en cours qui permet de développer la prévention et d’anticiper la perte d’autonomie va dans le bon sens, ainsi que tout ce qui est proposé sur les nouvelles structures d’hébergement à développer.

Néanmoins, tant que les financements entre la prévention, l’hospitalisation, l’ambulatoire et le médico-social ne seront pas modifiés et resteront aussi cloisonnés qu’aujourd’hui, la situation ne pourra pas évoluer.

De plus, personne n’aborde le sujet, pourtant crucial, de la formation des professionnels de l’hôpital, des EHPAD et des services à domicile qui est insuffisante et inadaptée pour réussir les objectifs fixés en matière d’anticipation de la perte d’autonomie, de dépistage et de bientraitance.
Seule une modification importante de l’enseignement initial de l’ensemble des professionnels de ces secteurs (médecins, IDE, soignants, auxiliaires de vie…), permettra de répondre à ce grand défi de l’adaptation de la société au vieillissement de la population.
Aujourd’hui la formation continue s’essouffle et ne peut, à elle seule, réparer les lacunes de l’enseignement initial, qui privilégie les soins techniques et non la prise en charge globale.
Cela se traduit par des professionnels non formés au prendre soin et donc à la bientraitance et non formé à la prévention et donc au dépistage.

En bref, deux actions importantes un peu oubliées : les transferts de financement à opérer au sein des différents secteurs et la formation des professionnels.


Capgeris

Comment l’HPGM s’inscrit-il notamment dans l’objectif de prévention et de dépistage en matière de perte d’autonomie ?

Evelyne GAUSSENS

Toute l’organisation de l’HPGM est tournée vers la détection des signes de fragilité chez la personne âgée et sur des actions qui vont concourir à éviter toute perte d’autonomie : c’est le rôle de notre pôle ambulatoire, plateforme du « bien vieillir », avec des consultations multidisciplinaires, des programmes d’éducation thérapeutique, l’intervention d’ergothérapeutes, de nutritionnistes…

De plus, lors d’une hospitalisation SSR, il y a aussi la mise en place d’un bilan médico-social effectué dans les 48 h, le suivi à domicile, mais aussi des sorties d’hospitalisation rapides et organisées, des actions menées pendant l’hospitalisation aigüe (prise des repas en salle à manger ou la participation aux activités d’animation pour éviter la désocialisation, patients levés et habillés tous les jours pour éviter la grabatisation…).

L’Hôpital répond à l’objectif de prévention et de dépistage en matière de perte d’autonomie via les outils suivants :

  • Le système de détection des chutes, première cause de perte d’autonomie chez les personnes âgées.

  • La plateforme de répit pour les aidants familiaux visant à soulager les familles.

  • L’hébergement temporaire, visant à soulager les familles de manière courte.

  • Les CLIC La Harpe et Orgyvette, lieux d’écoute, d’information et d’orientation pour les personnes âgées de plus de 60 ans et leurs proches, qui leur permettent de connaître leurs droits et les dispositifs existants, afin de garder une vie active.